lundi 6 décembre 2010

Déplacements



Transport du haut-parleur
Se déplacer à Mouda et en sortir est toujours une aventure. Pour me promener au village, je me déplace à pied. C’est le moyen le plus simple, mais pas le plus rapide. Se rendre du point A au point B ne se fait jamais rapidement. En chemin, je rencontre toujours au moins une dizaine de connaissances qu’il faut saluer pendant au moins cinq minutes. Je vous laisse donc faire le calcul... Un petit trajet peut parfois être très long!

À part cela, je travaille dans quatre villages. Pour aller d’un village à un autre, j’utilise un super vélo de montagne de 24 vitesses, aux pneus ultra résistants. En théorie! Dans la pratique, mon vélo n’a qu’une seule vitesse fonctionnelle et il se déchaîne à chaque fois que je roule sur une bosse. Quand aux pneus, je dois les gonfler avant de quitter la maison, je dois m’arrêter en route pour leur redonner un peu d’air et je dois répéter ces étapes pour le retour. Entre ce vélo et moi, il s’est développé une relation amour-haine. Souvent, il me fait perdre patience. Pourtant, sans lui, je ne pourrais ni me déplacer, ni transporter mon matériel.


Embarquement
 Mais cela n’est rien comparé à ce qu’il faut vivre pour quitter Mouda et aller en ville. Pour réaliser cet exploit, il faut s’armer de patience. De beaucoup de patience. Le village n’est qu’à 32 Km de la ville. Une fois dans la voiture, le trajet se fait en moins d’une demie heure. Par contre, pour trouver une voiture, c’est une autre histoire. Il faut d’abords se préparer à vivre un long moment de frustration, avant d’aller au bord de la route asphaltée pour ... attendre. Attendre qu’un bus pas trop chargé s’arrête. Attendre, attendre, attendre... Cela peut être trrrrrès long. J’ai déjà attendu pendant trois heures, qu’une voiture ou un bus passe et accepte de me prendre. Ici, les transports en commun suivent une logique que je ne maîtrise pas encore. Tout ce que je comprends, c’est qu’il faut être patient et s’attendre parfois à voyager dans des positions précaires, comme cette fois où j’ai roulé avec une centaine de poules suspendues à la carrosserie du bus et une vingtaine de chèvres entassées avec les humains à l’intérieur!


jeudi 25 novembre 2010

Éléphants



Attention, ce que je vais raconter peut paraître invraisemblable, mais je vous promets que tout ce que vous lirez est la pure vérité. Moi-même, je n’arrive pas encore à croire ce que j’ai vu.

Il y a peu de temps, j’ai entendu parler d’un troupeau d’éléphants qui ravageaient les champs des villages voisins. Incrédule, mais curieuse, j’ai voulu voir de mes propres yeux ce que d’autres affirmaient avoir vu.

Je me suis donc laissée entraîner par un groupe de touristes téméraires et nous sommes partis à la chasse aux éléphants. Nous avons roulé 15 minutes en voiture avant d’arriver au village assiégé par les grosses bêtes. Une fois sur place, les villageois nous ont indiqué le chemin à prendre en nous disant que les éléphants étaient «tout près, tout près». Par contre, il fallait continuer la route à pied, car le bruit du moteur pouvait les exciter.

Nous avons donc commencé à marcher. À chaque pas, les battements de mon cœur s’accéléraient. J’imaginais le troupeau d’éléphants surgir de nul part et nous attaquer. Après 20 minutes de marche sous le soleil brûlant, toujours rien. Nous avons rencontré d’autres villageois qui nous encore assuré que les éléphants étaient «tout près, tout près». Nous nous sommes donc enfoncés davantage dans la brousse.

Après une bonne heure de marche, nous avons finalement entendu le barrissement des bêtes, qui étaient maintenant vraiment tout près!!! Brrr...


Mes camarades ont continué à avancer. Moi, je me suis trouvée un arbre grand et solide et j’y ai grimpé jusqu’au sommet. Comme un éléphant pèse plusieurs tonnes et qu’il peut parcourir des kilomètres en quelques minutes, je ne me sentais pas de taille à affronter un troupeau de pachydermes en colère. En plus, j’ai promis à ma mère de ne pas faire la manchette des journaux à potins du Cameroun.

Je suis donc restée bien accrochée à mon arbre pour observer ces belles créatures. C’était vraiment impressionnant. Les bêtes étaient aussi grandes que les arbres et leurs oreilles bougeaient continuellement en faisant un bruit qui rappelle celui d’un ventilateur. C’était comme être dans une émission du Discovery Chanel. Gratuit en plus!!
Les photos ne sont pas de moi. Les autres touristes se sont beaucoup approchés des éléphants. Moi, bien installée sur mon arbre, je les ai laissé faire. Je n’avais vraiment pas envie que mon corps, ou ce qui en resterait, soit rapatrié au Canada sous forme de purée dans un petit pot de confiture.

Après un moment, une foule excitée s’est attroupée devant les éléphants et ces derniers ont commencé à s’énerver. Ils bougeaient leurs oreilles de plus en plus vite et j’ai vu plusieurs trompes se lever. Du haut de mon arbre, j’ai commencé à paniquer.

Finalement, mes camarades ont décidé de rentrer. Soulagée, mais encore un peu inquiète, je les ai suivis. Sur le chemin du retour, j’étais heureuse, car je venais de réaliser un rêve d’enfance. Par contre, j’ai aussi découvert que je n’étais pas la Indiana Jones que je croyais être!
 
 
 

samedi 13 novembre 2010

Travaux champêtres


Si un jour, il vous prend la folle envie de vous promener à Mouda en plein jour, durant le mois d’octobre, vous n’y trouverez personne. Vous aurez l’impression de visiter une ville fantôme.

En fait, durant cette période, le village se réveille à 5h30, meurt à 7h, ressuscite à 18h et il s’éteint à nouveau aux environs de 21h. Entre temps, il n‘y a personne. Les enfants qui vont à l’école sont en classe et tout les autres villageois sont aux champs. C’est la période critique des travaux champêtres.


Comme durant ces journées, je n’avais pas grand chose à faire à part chasser les poules, les chèvres, les chiens et les ânes qui vennaient quotidiennement faire kaka dans ma cour, j’ai décidé de découvrir ce qu’étaient ces fameux travaux qui monopolisaient le village au complet. Un bon matin, je me suis donc réveillée à ...6h30 (faut pas trop m’en demander!), j‘ai revêtue mon costume d‘agricultrice du dimanche et j’ai proposé à une voisine de l’accompagner dans son champs.

Nous avons marché plus d’une heure pour y arriver. Le paysage était magnifique, mais le trajet fût exigeant. Une fois sur place, nous avons tout de suite commencé à travailler.

Le travail en soi est très simple. Il faut d’abords brûler la parcelle de terre à exploiter avant de creuser des petits trous à l’aide d’une lourde tige de métal.                 
   

                                                            Une fois les trous creusés, il faut puiser de l’eau, la transporter (sur la tête) jusqu’au lieu de travail et la verser dans les trous.


Une fois ces étapes terminées, on peut finalement planter les jeunes pousses de mil.

                                   
                                                                                                                            
À première vue la tâche semble facile. Par contre, les paysans de l’Extrême nord doivent répéter ces actions des centaines de fois, durant des journées entières, dans la chaleur et sous le soleil. Ils ont pour seule machine: la force de leurs bras. Parfois, ils travaillent seuls sur des champs mesurant des dizaines d’hectares. Le travail est dur, mais il n’ont pas le choix de le faire car ici, la paresse a un prix : la faim.

On dit que l’Extrême nord est le grenier du mil du Cameroun. En effet, cette denrée est à la base de la survie de la population de cette région. Elle permet aux gens de se nourrir et sa vente leur permet de se vêtir et de se loger durant l‘année. La fin du mois de septembre, tout le mois d’octobre et le début de novembre sont des mois cruciaux, car c’est le moment précis ou les cultivateurs peuvent planter le mil jaune, la seule chose qui pousse durant la saison sèche qui vient de commencer.



J’ai travaillé au champs durant quatre heures. Le soleil, la chaleur et la dureté de ce travail répétitif ont vite eu raison de ma petite nature. Je suis donc rentrée seule sous le soleil de midi. Mais avant de partir, ma voisine m’a offert un petit cadeau qui m’a fait sourire... Un bol de sauterelles et de criquets frits!!!



Après un moment de dégoût, de consternation et d’hésitation, j’y ai goûté. C’était super bon!!! Vive les chips au sauterelles!


mardi 26 octobre 2010

Bonne fête professeur!


Le 5 octobre dernier, le Cameroun célébrait la journée internationale des enseignants. Pour l’occasion, un tissu spécial a été créé et tous les enseignants ayant les moyens se sont faits coudre un ensemble pour souligner l’événement.

Malgré le mauvais temps, une cinquantaine d’enseignants de villages différents se sont réunis à Moutourwa, le grand village du coin. L’élégance était de mise, puisque toutes les autorités importantes du coin étaient présentes. Il y avait donc les chefs de villages, le chef des chefs de village, le maire, le préfet, le sous-préfet, le chef de police, les premières dames de tous ces hommes importants, les directeurs, etc..

Ce genre de manifestation a eu lieu partout dans le pays. Dans un premier temps, tous se sont réunis dans un espace public pour la cérémonie d’ouverture. Ensuite, ils ont défilé dans les rues en chantant. Puis, un grand banquet a suivi le défilé et la fête a continué jusqu’à tard dans la soirée.

Comme mes collègues, je me suis fait coudre une belle robe, j’ai défilé, chanté et j’ai super bien mangé. Je me suis bien amusée ce jour-là. Partout où j’allais, on me souhaitait : «Bonne fête professeur!».




J’ai été très touchée par ces manifestations étant donné toutes les difficultés que vivent les enseignants de l’Extrême Nord du Cameroun. Dans ce coin reculé de l'Afrique, la deuxième chose qui nous frappe, après la beauté du paysage, c’est la pauvreté. Ici, le milieu scolaire est dur. Les écoles nont pas assez de salles de classes ni assez denseignants pour le nombre d'élèves. Dans toutes les écoles, ces derniers s'entassent sur des petits bancs pas très solides. Les classes comptent en moyenne 60 élèves. J’ai visité des classes de maternelles qui comptaient plus de 100 élèves pour un seul professeur.
Pour ce qui est des enseignants, ils sont motivés et ils font un travail impressionnant avec très peu de moyens. Par contre, lenseignement est très magistral. Les élèves n’ont pas de manuels scolaires et les enseignants sont obligés d’écrire toutes les notes de cours au tableau.
 
De plus, les enseignants reçoivent un salaire modeste et plusieurs d’entre eux sont des enseignants volontaires. En effet, comme le gouvernement ne fournit pas assez de professeurs, les communautés s’organisent pour trouver leurs propres maîtres. Ces derniers sont payés en moyenne 50$ par mois. Très souvent, ce salaire arrive avec des mois de retard et parfois, il n’arrive jamais.

Malgré toutes ces difficultés, le 5 octobre dernier, je n’ai pas défilé avec des enseignants plaintifs, découragés ou blasés. J’ai plutôt côtoyer des personnes dynamiques, sympathiques et très fières de leur profession. Durant toute la journée, ils n’ont fait que blaguer, se taquiner, boire, manger et danser.

Je n’aurais jamais cru qu’il était possible de célébrer l’enseignement de cette manière. Cette journée-là, j’ai beaucoup pensé à mes collègues du Québec, parce qu’ici, comme ailleurs, enseigner, c’est se donner corps et âme pour l’avenir d’une société. Bonne fête professeurs!

lundi 4 octobre 2010

Première semaine au village

Protocole

Durant ma première semaine dans le petit village de Mouda, mon horaire fût bien chargé. J'ai découvert que ce village, qui figure rarement sur les cartes du Cameroun, regorge de personnes importantes. En deux jours seulement, j'ai rencontré le chef du village, le chef de l'arrondissement, l'inspecteur scolaire, le représentant de l'inspecteur, le préfet, le sous-préfet, le maire, l'adjoint du maire et tous les directeurs d'école.

L'intégration

Mis à part tout ce protocole, j'ai aussi pu participer à quelques activités typiques du village. Par exemple, j'ai aidé les femmes à cueillir le gombo, j'ai été puiser de l'eau dans un étang habité par un crocodile et j'ai ensuite porté cette eau sur ma tête, j'ai goûté à la bière de mil et j'ai défeuillé le foléré. Ces expériences m'ont beaucoup aidées à m'intégrer à la communauté, mais elles n'ont pas toujours été très agréables. Après la cueillette du gombo, tout mon corps me grattait. Pour ce qui est de l'eau sur la tête, c'était tellement difficile!! Si un petit garçon deux fois plus petit et plus maigre que moi ne m'avait pas aidé, je ne me serais jamais rendue jusqu'à la maison! En plus, j'ai eu mal au cou pendant trois jours. Pour ce qui est du crocodile, je ne l'ai pas vu. Il ne sort qu'après 19 h. Quand au «défeuillage» du foléré, c'était tellement long!!!! Dans cette région, beaucoup de plats principaux ont pour base le foléré. Le foléré est une sorte de feuille qu'on retrouve sur une branche. Pour être consommée, il faut que chaque feuille soit séparée de la branche. Cet après midi-là, je crois que les femmes avaient amener une forêt de foléré à défeuiller. Une chance qu'il y avait la bière de mil pour adoucir tout cela!

Panne

En ce moment, je suis toute noire. La semaine dernière, la moto de mon collègue est tombée en panne en pleine brousse. Il était 12h30 et il faisait 30 degrés à l'ombre. Nous avons dû marcher une heure jusqu'au village voisin. Là-bas, un vieux qu'on ne connaissait même pas a essayé de nous aider. À la fin, il nous a prêté sa propre moto. Cette dernière nous à permise de nous rendre à destination, mais elle est aussi tombée en panne en arrivant au village.

Cellulaire

Dans mon nouveau chez-moi, la communication téléphonique est un peu compliquée. Je n'ai jamais assez de réseau pour le cellulaire. Je reçois un message texte une fois sur deux et c'est la même chose pour en envoyer. Pour parler, c'est une autre histoire. Je dois traverser le champs de mil, escalader la montagne et m'installer sur un rocher bien précis. À tous ceux que j'aime, je m'excuse de ne jamais vous appeler.

Nouveaux amis

Je dois m'habituer à de nouveaux amis qui me visitent tous les soirs et qui me tiennent compagnie jusqu'au petit matin. Je parle des criquets, des sauterelles, des araignées de toutes sortes et des autres petites bibittes que je découvre tous les jours. La première nuit, j'ai tué 20 sauterelles et j'en ai compter une cinquantaine dans la maison. Elles ont fait tellement de bruit que j'ai dû dormir avec des bouchons dans les oreilles. Le jour suivant, j'ai eu droit à un défilé de petits insectes plus originaux les uns que les autres. Un soir, je suis même tombée sur une menthe religieuse de 15 cm qui de promenait tranquillement sur le mur de mon salon.

Petits plaisirs

Je vous ai un peu parlé de ce qui rajoute du piment dans mes journées, mais dans l'ensemble, elles sont plutôt calmes et les choses avancent au rythme africain. Je n'ai pas encore commencé à travailler officiellement. Cela me donne la chance prendre mon temps et de profiter du moment présent. Tous les jours, je suis impressionnée par la beauté du paysage qui m'entoure. Toutes les nuits, je contemple le ciel le plus étoilé que j'aie eu la chance de voir. À part cela, les villageois sont tellement gentils et accueillants. Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais je me suis déjà attaché à ce village.


dimanche 26 septembre 2010

Voile, maison et village .....


Le voile
Si je porte le voile sur mes dernières photos, ce n'est pas parce que j'ai décidé d'adhérer à la religion de Mahomet. C'est plutôt que ce petit bout de tissu m'est particulièrement utile depuis mon arrivée dans cette région très différente du reste du Cameroun.

Dans l'Extrême Nord, la population est plus traditionnelle que dans le reste du pays et la principale religion est l'islam. Ici, montrer trop de peau peut être choquant. Comme je n'ai pas l'intention de porter un col roulé lorsqu'il fait 40 degrés, j'ai toujours mon petit foulard pour cacher mes épaules en cas de besoin. Ce morceau de tissu me protège aussi du soleil, qui est plutôt agressif lorsqu'il se pointe. En ce moment, c'est la saison des pluies, ce qui nous laisse une petit répit pour la chaleur et le soleil, mais aucun pour la boue, les insectes et les inondations.

J'ai aussi trouvé au voile de multiples fonctions. En ville, la moto taxi est le principal moyen de transport. Si le casque que j'utilise me décoiffe trop, le voile m'empêche d'avoir l'air trop folle et me donne en plus un air noble de femme respectable... Je le met sur mon nez pour supporter la pollution de la ville et je l'utilise aussi pour m'essuyer le visage lorsqu'il fait chaud et le corps en sortant de la douche. Il me sert aussi de nappe, de drap, de sac et présentement, de sujet pour mon blog!


Entre Yaounde à Maroua 

Parlons maintenant de choses plus sérieuses. Mon voyage vers l'Extrême Nord a été super. Même si le train m'a saccagé toute la nuit et que les huit heures de bus ont déclenché des douleurs désagréables dans mon postérieur, j'ai bien aimé observer le paysage, la végétation et les petits villages situés sur le chemin, qui s'animent le temps d'un arrêt.



Ma maison
En ce moment, je suis à Maroua. Je dois encore y rester pour quelques jours. Combien.... l'avenir me le dira. La raison : ma maison est en construction.

Il fallait que j'aille dans un petit village inexistant sur les cartes du Cameroun pour me faire construire une maison!!! Et quelle maison! Quand on entre dans le premier quartier de Mouda, en plein milieu de la route principale, entre les cases rondes traditionnelles, s'élève une maison flambant neuve. C'est ma maison!!! Avec son toit de tôle, ses murs blancs et en ciments, elle détonne parmi les cases de terres aux toits de pailles. Elle est aussi difficile à manquer puisqu'elle coupe la route en deux. C'est comme si ceux qui s'en occupaient l'on construite dans le premier espace libre qu'ils ont trouvé sur leur chemin. Résultat: pour traverser le quartier, il faut contourner la maison de l'étrangère. Par contre, mon logement n'est pas encore terminé. À part le toit et les murs, rien n'est encore fait. Mon patron et les ouvriers ont d'ailleurs passé de longues minutes à discuter de ma toilette..... Ils m'ont montré un petit espace à coté de la maison et par le fait même au milieu de la route principale.... Ce petit espace (vraiment très petit) devrait me servir de toilette et de douche... On m'a promis de construire quatre murs autour... Personne n'a parler du toit... Je ne suis pas très rassurée!



Lorsque je suis alléee visiter ma maison, deux enfants faisaient semblant de travailler. Un peu plus tard, les vrais ouvriers sont arrivés en même temps qu'une trentaine de personnes qui sont venus me regarder en silence. Les hommes et les enfants étaient en premier plan et les femmes se tenaient un peu plus loin. Une d'entre elles, la doyenne du groupe et sans doute la plus téméraire, s'est approchée et m'a tendu la main en me souhaitant la bienvenue en Foulfouldé, une des langues locales. J'ai donc répondu merci dans la même langue. Ce petit mot, «Usseko», le seul que je connaisse, a provoqué un fou rire collectif chez ceux qui m'ont observé tout l'après midi. Ironiquement, faire rire de moi par un groupe de villageois m'a profondément réconfortée.


Village

Pour terminer la journée, mon collègue m'a accompagné sur la montagne derrière chez moi.


Pour ma prochaine publication, je vous promets plus de photos.

vendredi 17 septembre 2010

Yaounde


La première chose qui m'a frappée à Yaoundé, ce sont les sons de la ville. De jour comme de nuit, cette ville est vivante. Elle m'a réveillée le premier matin, avec les klaxons de ses taxis. Parlons-en un peu des taxis... Le taxi est le principal moyen de transport de la capitale. Il remplace la voiture, l'autobus, le métro et le train. Il sert en fait de transport en commun. Le fonctionnement est bien simple. Ces voitures jaunes se promènent aléatoirement un peu partout dans la ville. Dès que le chauffeur trouve un client, il le fait monter. Le client marmonne sa destination et son prix. Si c'est sur le chemin, le chauffeur accepte de le prendre ou pas. Les taxis se partagent. Ils peuvent prendre entre 4 et 6 passagers (plus le chauffeur!). Mais je m'éloigne un peu de mon sujet. Vous vous demandez sûrement le lien entre les taxis et les sons de la ville. Eh bien, je vous explique. Les chauffeurs sont toujours à la recherche de clients. Ce qui fait que dès qu'ils voient une personne sur leur chemin, ils klaxonnent pour se faire remarquer. Maintenant, imaginez des milliers de taxis qui parcourent une ville de millions de personnes et qui klaxonnent dès qu'ils voient des clients potentiels. Cela donne une petite idée de la mélodie qui fait vibrer Yaoundé le jour.


Le soir, c'est autre chose. À partir de 18h, dans certains quartiers, on entend un bruit de fond particulier. C'est comme si tous les oiseaux du quartier se réveillaient en même temps et qu'ils se parlaient pour comploter contre les humains. Au début, ce bruit surprenant me faisait peur. Je pensais que les oiseaux du quartiers devenaient fous. Je me sentais comme dans un mauvais film d'horreur. Puis je m'y suis habituée, jusqu'à ce qu'un après midi, je découvre que ce n'était pas des oiseaux qui faisaient ce vacarme, mais... des chauves souris!!! J'ai trouvé ça vraiment exotique!

Après 18h, il y a aussi le DJ du coin qui se manifeste. Tous les coins ont leurs DJ. Qui est ce DJ? Ça dépend du coin. Parfois, la musique vient d'une maison, souvent elle vient d'un bar. D'autres fois, c'est un magasin qui sort ses gros hauts-parleurs. Lorsque le DJ écoute de la musique, tout le quartier écoute avec lui. Près de mon hôtel, j'ai eu droit au Pop camerounais, au Zouk, au HipHop et même à toute une programmation de chansonnette française qui ferait frémir Cité Rock Matante (Cité Rock détente pour les moins intimes). Un soir, il y a eu une coupure de courant. Le quartier était étrangement calme. Le DJ m'a manqué.

J'aurais tellement de choses à dire, mais je ne veux pas vous fatiguer. Mes deux premières semaines dans la capitale se sont super bien passées. Je devais y suivre une formation offerte par l'ONG. La grande aventure commencera vraiment demain. Je dois quitter Yaoundé, la capitale, pour aller à Maroua. Cette ville est la capitale de la province de l'Extrême Nord du Cameroun. Le voyage durera 30 heures : 20h de train et 10h de bus. Deux jours plus tard,  je m'installerai à Mouda, un petit village qui ne figure sur aucune carte. C'est là que je vais travailler durant la prochaine année scolaire. Je vous tiendrai au courant de la suite de mon aventure.


Le départ


Mon voyage a commencé une première fois, un certain samedi matin à 4h30. J'étais convaincue que mon avion décollait à 7h30. Depuis un mois, j'avais lu et relu le billet électronique et dans ma tête, le départ était prévu pour cette heure matinale. Toute la famille avait décidé de m'accompagner à l'aéroport. En cours de route, j'ai eu l'idée de regarder une dernière fois mon billet. C'est là que j'ai réalisé, que le 7h30 que mon cerveau confus avait enregistré, était en fait... la durée de vol entre Montréal et Zurich!!! Mon avion ne quittait Montréal qu'à 17h.

Mon voyage a donc commencé deux fois. La première fois, ce fut par une belle promenade en famille, à l'aéroport de Montréal, un certain samedi matin, pluvieux et froid.
Le deuxième départ s'est bien déroulé. Quant tout va bien, il n'y a rien à raconter.