jeudi 25 novembre 2010

Éléphants



Attention, ce que je vais raconter peut paraître invraisemblable, mais je vous promets que tout ce que vous lirez est la pure vérité. Moi-même, je n’arrive pas encore à croire ce que j’ai vu.

Il y a peu de temps, j’ai entendu parler d’un troupeau d’éléphants qui ravageaient les champs des villages voisins. Incrédule, mais curieuse, j’ai voulu voir de mes propres yeux ce que d’autres affirmaient avoir vu.

Je me suis donc laissée entraîner par un groupe de touristes téméraires et nous sommes partis à la chasse aux éléphants. Nous avons roulé 15 minutes en voiture avant d’arriver au village assiégé par les grosses bêtes. Une fois sur place, les villageois nous ont indiqué le chemin à prendre en nous disant que les éléphants étaient «tout près, tout près». Par contre, il fallait continuer la route à pied, car le bruit du moteur pouvait les exciter.

Nous avons donc commencé à marcher. À chaque pas, les battements de mon cœur s’accéléraient. J’imaginais le troupeau d’éléphants surgir de nul part et nous attaquer. Après 20 minutes de marche sous le soleil brûlant, toujours rien. Nous avons rencontré d’autres villageois qui nous encore assuré que les éléphants étaient «tout près, tout près». Nous nous sommes donc enfoncés davantage dans la brousse.

Après une bonne heure de marche, nous avons finalement entendu le barrissement des bêtes, qui étaient maintenant vraiment tout près!!! Brrr...


Mes camarades ont continué à avancer. Moi, je me suis trouvée un arbre grand et solide et j’y ai grimpé jusqu’au sommet. Comme un éléphant pèse plusieurs tonnes et qu’il peut parcourir des kilomètres en quelques minutes, je ne me sentais pas de taille à affronter un troupeau de pachydermes en colère. En plus, j’ai promis à ma mère de ne pas faire la manchette des journaux à potins du Cameroun.

Je suis donc restée bien accrochée à mon arbre pour observer ces belles créatures. C’était vraiment impressionnant. Les bêtes étaient aussi grandes que les arbres et leurs oreilles bougeaient continuellement en faisant un bruit qui rappelle celui d’un ventilateur. C’était comme être dans une émission du Discovery Chanel. Gratuit en plus!!
Les photos ne sont pas de moi. Les autres touristes se sont beaucoup approchés des éléphants. Moi, bien installée sur mon arbre, je les ai laissé faire. Je n’avais vraiment pas envie que mon corps, ou ce qui en resterait, soit rapatrié au Canada sous forme de purée dans un petit pot de confiture.

Après un moment, une foule excitée s’est attroupée devant les éléphants et ces derniers ont commencé à s’énerver. Ils bougeaient leurs oreilles de plus en plus vite et j’ai vu plusieurs trompes se lever. Du haut de mon arbre, j’ai commencé à paniquer.

Finalement, mes camarades ont décidé de rentrer. Soulagée, mais encore un peu inquiète, je les ai suivis. Sur le chemin du retour, j’étais heureuse, car je venais de réaliser un rêve d’enfance. Par contre, j’ai aussi découvert que je n’étais pas la Indiana Jones que je croyais être!
 
 
 

samedi 13 novembre 2010

Travaux champêtres


Si un jour, il vous prend la folle envie de vous promener à Mouda en plein jour, durant le mois d’octobre, vous n’y trouverez personne. Vous aurez l’impression de visiter une ville fantôme.

En fait, durant cette période, le village se réveille à 5h30, meurt à 7h, ressuscite à 18h et il s’éteint à nouveau aux environs de 21h. Entre temps, il n‘y a personne. Les enfants qui vont à l’école sont en classe et tout les autres villageois sont aux champs. C’est la période critique des travaux champêtres.


Comme durant ces journées, je n’avais pas grand chose à faire à part chasser les poules, les chèvres, les chiens et les ânes qui vennaient quotidiennement faire kaka dans ma cour, j’ai décidé de découvrir ce qu’étaient ces fameux travaux qui monopolisaient le village au complet. Un bon matin, je me suis donc réveillée à ...6h30 (faut pas trop m’en demander!), j‘ai revêtue mon costume d‘agricultrice du dimanche et j’ai proposé à une voisine de l’accompagner dans son champs.

Nous avons marché plus d’une heure pour y arriver. Le paysage était magnifique, mais le trajet fût exigeant. Une fois sur place, nous avons tout de suite commencé à travailler.

Le travail en soi est très simple. Il faut d’abords brûler la parcelle de terre à exploiter avant de creuser des petits trous à l’aide d’une lourde tige de métal.                 
   

                                                            Une fois les trous creusés, il faut puiser de l’eau, la transporter (sur la tête) jusqu’au lieu de travail et la verser dans les trous.


Une fois ces étapes terminées, on peut finalement planter les jeunes pousses de mil.

                                   
                                                                                                                            
À première vue la tâche semble facile. Par contre, les paysans de l’Extrême nord doivent répéter ces actions des centaines de fois, durant des journées entières, dans la chaleur et sous le soleil. Ils ont pour seule machine: la force de leurs bras. Parfois, ils travaillent seuls sur des champs mesurant des dizaines d’hectares. Le travail est dur, mais il n’ont pas le choix de le faire car ici, la paresse a un prix : la faim.

On dit que l’Extrême nord est le grenier du mil du Cameroun. En effet, cette denrée est à la base de la survie de la population de cette région. Elle permet aux gens de se nourrir et sa vente leur permet de se vêtir et de se loger durant l‘année. La fin du mois de septembre, tout le mois d’octobre et le début de novembre sont des mois cruciaux, car c’est le moment précis ou les cultivateurs peuvent planter le mil jaune, la seule chose qui pousse durant la saison sèche qui vient de commencer.



J’ai travaillé au champs durant quatre heures. Le soleil, la chaleur et la dureté de ce travail répétitif ont vite eu raison de ma petite nature. Je suis donc rentrée seule sous le soleil de midi. Mais avant de partir, ma voisine m’a offert un petit cadeau qui m’a fait sourire... Un bol de sauterelles et de criquets frits!!!



Après un moment de dégoût, de consternation et d’hésitation, j’y ai goûté. C’était super bon!!! Vive les chips au sauterelles!