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Le transport de l'eau |
Lorsque le soleil se lève sur Mouda, une longue journée de travail commence pour les femmes du village.
Dès 5h30, la femme doit se lever pour aller chercher de l'eau pour son mari et ses enfants. Ici, l'expression «l'or bleu» prend tout son sens puisqu'il n'y a pas d'eau courante et les points d'approvisionnement sont rares. La source la plus populaire est située à 15 minutes de marche du village, derrière deux collines difficiles à traverser. L'eau se porte sur la tête, par les femmes et les filles. Elles peuvent transporter jusqu'à 40 kg à chaque fois et elles doivent faire plusieurs tours pour combler les besoins de la famille.
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Préparation de la bouillie |
Une fois la corvée de l'eau terminée, la femme doit cuisiner la bouillie pour les enfants et les préparer pour l'école. Comme les familles sont nombreuses, il y a beaucoup d'enfants à préparer et beaucoup de bouches à nourrir.
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Balayer la cour, mon activité préférée... |
Ensuite, elle lave la vaisselle sale de la veille, elle nettoie la maison et elle balaie la cour. Une fois ces tâches ménagères terminées, elle est prête à aller travailler dans le champs de son mari ou encore, ce qui est plus rare, à se rendre au travail. Au champs, il n'y a pas d'outils sophistiqués pour cultiver la terre. Tout se fait avec la machette, la houe et la force des bras.
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De retour avec le bois de cuisson |
À son retour, elle retourne puiser de l'eau et elle prépare la nourriture du soir. Ces jours-ci, c'est le temps de la récolte du mil jaune. Beaucoup de femmes rentrent du champs vers 18h. À part ces tâches quotidiennes obligatoires, les femmes du village doivent aussi aller chercher du bois de cuisson très loin dans la brousse, laver les vêtements de toute la famille, surtout ceux du mari, piler et préparer le mil. Ici, tout se fait à la main et le bébé au dos. Il n'y a pas de machine à laver et pas de robot culinaire.
Les tâches ménagères sont uniquement pour les femmes et les filles. Qu'elles soient jeunes, vieilles, enceintes ou malades. Le sort est le même pour tout membre du sexe féminin, quelque soit son âge et sa condition physique. Les élèves du primaire ne sont pas épargnées, ni celles du lycée, ni les vieilles qui se promènent avec une canne, ni les futurs mamans qui sont dans un stade de grossesse avancée. S'il y a beaucoup de filles dans une famille, elles se partagent le travail. S'il n'y en a qu'une, elle fait tout, toute seule. C'est la coutume.
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Des voisines en train de faire la lessive |
Le rôle de l'homme est de nourrir sa famille. Selon la coutume, c'est lui qui possède les terres et la maison. Donc, quand une femme se marie, elle va vivre chez son époux et elle va travailler à la sueur de son front sur les terres de celui-ci. À la fin, l'argent des récoltes revient au chef du foyer, puisque les terres lui appartiennent. C'est de cette façon qu'il amène l'argent dans la famille.
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Une voisine en train de piler le mil |
L'homme a aussi le droit de posséder plusieurs femmes. Si elles ne lui suffisent pas, il a d'autres amies ailleurs. Si une de ses épouses l'embêtent, il peut la chasser. Elle part seule et lui, il garde les enfants. Si un jour, le mari meurt, ses propriétés reviennent à ses fils. Une fille ne peut hériter d'un terrain, puisqu'un jour, elle va se marier et elle appartiendra à une autre famille.
Demain, ce sera le 8 mars. La journée internationale de la femme. Je ne sais pas trop quoi penser de cette journée. Toutes les femmes du Cameroun se préparent à faire la fête. Un tissu spécial est sorti pour l'occasion. Toutes celles qui en ont les moyens l'ont acheté et se sont fait coudre un habit neuf. Les femmes de Mouda aussi fêteront demain. Si leur mari le leur permet.
Le jour suivant, ce sera le 9 mars et la vie continuera comme avant. Hommes et femmes respecteront les coutumes et les traditions...
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Le transport de l'eau |