Le 5 octobre dernier, le Cameroun célébrait la journée internationale des enseignants. Pour l’occasion, un tissu spécial a été créé et tous les enseignants ayant les moyens se sont faits coudre un ensemble pour souligner l’événement.
Malgré le mauvais temps, une cinquantaine d’enseignants de villages différents se sont réunis à Moutourwa, le grand village du coin. L’élégance était de mise, puisque toutes les autorités importantes du coin étaient présentes. Il y avait donc les chefs de villages, le chef des chefs de village, le maire, le préfet, le sous-préfet, le chef de police, les premières dames de tous ces hommes importants, les directeurs, etc..
Ce genre de manifestation a eu lieu partout dans le pays. Dans un premier temps, tous se sont réunis dans un espace public pour la cérémonie d’ouverture. Ensuite, ils ont défilé dans les rues en chantant. Puis, un grand banquet a suivi le défilé et la fête a continué jusqu’à tard dans la soirée.
Comme mes collègues, je me suis fait coudre une belle robe, j’ai défilé, chanté et j’ai super bien mangé. Je me suis bien amusée ce jour-là. Partout où j’allais, on me souhaitait : «Bonne fête professeur!».
J’ai été très touchée par ces manifestations étant donné toutes les difficultés que vivent les enseignants de l’Extrême Nord du Cameroun. Dans ce coin reculé de l'Afrique, la deuxième chose qui nous frappe, après la beauté du paysage, c’est la pauvreté. Ici, le milieu scolaire est dur. Les écoles n’ont pas assez de salles de classes ni assez d’enseignants pour le nombre d'élèves. Dans toutes les écoles, ces derniers s'entassent sur des petits bancs pas très solides. Les classes comptent en moyenne 60 élèves. J’ai visité des classes de maternelles qui comptaient plus de 100 élèves pour un seul professeur.
Pour ce qui est des enseignants, ils sont motivés et ils font un travail impressionnant avec très peu de moyens. Par contre, l’enseignement est très magistral. Les élèves n’ont pas de manuels scolaires et les enseignants sont obligés d’écrire toutes les notes de cours au tableau.
De plus, les enseignants reçoivent un salaire modeste et plusieurs d’entre eux sont des enseignants volontaires. En effet, comme le gouvernement ne fournit pas assez de professeurs, les communautés s’organisent pour trouver leurs propres maîtres. Ces derniers sont payés en moyenne 50$ par mois. Très souvent, ce salaire arrive avec des mois de retard et parfois, il n’arrive jamais.
Malgré toutes ces difficultés, le 5 octobre dernier, je n’ai pas défilé avec des enseignants plaintifs, découragés ou blasés. J’ai plutôt côtoyer des personnes dynamiques, sympathiques et très fières de leur profession. Durant toute la journée, ils n’ont fait que blaguer, se taquiner, boire, manger et danser.