mardi 26 octobre 2010

Bonne fête professeur!


Le 5 octobre dernier, le Cameroun célébrait la journée internationale des enseignants. Pour l’occasion, un tissu spécial a été créé et tous les enseignants ayant les moyens se sont faits coudre un ensemble pour souligner l’événement.

Malgré le mauvais temps, une cinquantaine d’enseignants de villages différents se sont réunis à Moutourwa, le grand village du coin. L’élégance était de mise, puisque toutes les autorités importantes du coin étaient présentes. Il y avait donc les chefs de villages, le chef des chefs de village, le maire, le préfet, le sous-préfet, le chef de police, les premières dames de tous ces hommes importants, les directeurs, etc..

Ce genre de manifestation a eu lieu partout dans le pays. Dans un premier temps, tous se sont réunis dans un espace public pour la cérémonie d’ouverture. Ensuite, ils ont défilé dans les rues en chantant. Puis, un grand banquet a suivi le défilé et la fête a continué jusqu’à tard dans la soirée.

Comme mes collègues, je me suis fait coudre une belle robe, j’ai défilé, chanté et j’ai super bien mangé. Je me suis bien amusée ce jour-là. Partout où j’allais, on me souhaitait : «Bonne fête professeur!».




J’ai été très touchée par ces manifestations étant donné toutes les difficultés que vivent les enseignants de l’Extrême Nord du Cameroun. Dans ce coin reculé de l'Afrique, la deuxième chose qui nous frappe, après la beauté du paysage, c’est la pauvreté. Ici, le milieu scolaire est dur. Les écoles nont pas assez de salles de classes ni assez denseignants pour le nombre d'élèves. Dans toutes les écoles, ces derniers s'entassent sur des petits bancs pas très solides. Les classes comptent en moyenne 60 élèves. J’ai visité des classes de maternelles qui comptaient plus de 100 élèves pour un seul professeur.
Pour ce qui est des enseignants, ils sont motivés et ils font un travail impressionnant avec très peu de moyens. Par contre, lenseignement est très magistral. Les élèves n’ont pas de manuels scolaires et les enseignants sont obligés d’écrire toutes les notes de cours au tableau.
 
De plus, les enseignants reçoivent un salaire modeste et plusieurs d’entre eux sont des enseignants volontaires. En effet, comme le gouvernement ne fournit pas assez de professeurs, les communautés s’organisent pour trouver leurs propres maîtres. Ces derniers sont payés en moyenne 50$ par mois. Très souvent, ce salaire arrive avec des mois de retard et parfois, il n’arrive jamais.

Malgré toutes ces difficultés, le 5 octobre dernier, je n’ai pas défilé avec des enseignants plaintifs, découragés ou blasés. J’ai plutôt côtoyer des personnes dynamiques, sympathiques et très fières de leur profession. Durant toute la journée, ils n’ont fait que blaguer, se taquiner, boire, manger et danser.

Je n’aurais jamais cru qu’il était possible de célébrer l’enseignement de cette manière. Cette journée-là, j’ai beaucoup pensé à mes collègues du Québec, parce qu’ici, comme ailleurs, enseigner, c’est se donner corps et âme pour l’avenir d’une société. Bonne fête professeurs!

lundi 4 octobre 2010

Première semaine au village

Protocole

Durant ma première semaine dans le petit village de Mouda, mon horaire fût bien chargé. J'ai découvert que ce village, qui figure rarement sur les cartes du Cameroun, regorge de personnes importantes. En deux jours seulement, j'ai rencontré le chef du village, le chef de l'arrondissement, l'inspecteur scolaire, le représentant de l'inspecteur, le préfet, le sous-préfet, le maire, l'adjoint du maire et tous les directeurs d'école.

L'intégration

Mis à part tout ce protocole, j'ai aussi pu participer à quelques activités typiques du village. Par exemple, j'ai aidé les femmes à cueillir le gombo, j'ai été puiser de l'eau dans un étang habité par un crocodile et j'ai ensuite porté cette eau sur ma tête, j'ai goûté à la bière de mil et j'ai défeuillé le foléré. Ces expériences m'ont beaucoup aidées à m'intégrer à la communauté, mais elles n'ont pas toujours été très agréables. Après la cueillette du gombo, tout mon corps me grattait. Pour ce qui est de l'eau sur la tête, c'était tellement difficile!! Si un petit garçon deux fois plus petit et plus maigre que moi ne m'avait pas aidé, je ne me serais jamais rendue jusqu'à la maison! En plus, j'ai eu mal au cou pendant trois jours. Pour ce qui est du crocodile, je ne l'ai pas vu. Il ne sort qu'après 19 h. Quand au «défeuillage» du foléré, c'était tellement long!!!! Dans cette région, beaucoup de plats principaux ont pour base le foléré. Le foléré est une sorte de feuille qu'on retrouve sur une branche. Pour être consommée, il faut que chaque feuille soit séparée de la branche. Cet après midi-là, je crois que les femmes avaient amener une forêt de foléré à défeuiller. Une chance qu'il y avait la bière de mil pour adoucir tout cela!

Panne

En ce moment, je suis toute noire. La semaine dernière, la moto de mon collègue est tombée en panne en pleine brousse. Il était 12h30 et il faisait 30 degrés à l'ombre. Nous avons dû marcher une heure jusqu'au village voisin. Là-bas, un vieux qu'on ne connaissait même pas a essayé de nous aider. À la fin, il nous a prêté sa propre moto. Cette dernière nous à permise de nous rendre à destination, mais elle est aussi tombée en panne en arrivant au village.

Cellulaire

Dans mon nouveau chez-moi, la communication téléphonique est un peu compliquée. Je n'ai jamais assez de réseau pour le cellulaire. Je reçois un message texte une fois sur deux et c'est la même chose pour en envoyer. Pour parler, c'est une autre histoire. Je dois traverser le champs de mil, escalader la montagne et m'installer sur un rocher bien précis. À tous ceux que j'aime, je m'excuse de ne jamais vous appeler.

Nouveaux amis

Je dois m'habituer à de nouveaux amis qui me visitent tous les soirs et qui me tiennent compagnie jusqu'au petit matin. Je parle des criquets, des sauterelles, des araignées de toutes sortes et des autres petites bibittes que je découvre tous les jours. La première nuit, j'ai tué 20 sauterelles et j'en ai compter une cinquantaine dans la maison. Elles ont fait tellement de bruit que j'ai dû dormir avec des bouchons dans les oreilles. Le jour suivant, j'ai eu droit à un défilé de petits insectes plus originaux les uns que les autres. Un soir, je suis même tombée sur une menthe religieuse de 15 cm qui de promenait tranquillement sur le mur de mon salon.

Petits plaisirs

Je vous ai un peu parlé de ce qui rajoute du piment dans mes journées, mais dans l'ensemble, elles sont plutôt calmes et les choses avancent au rythme africain. Je n'ai pas encore commencé à travailler officiellement. Cela me donne la chance prendre mon temps et de profiter du moment présent. Tous les jours, je suis impressionnée par la beauté du paysage qui m'entoure. Toutes les nuits, je contemple le ciel le plus étoilé que j'aie eu la chance de voir. À part cela, les villageois sont tellement gentils et accueillants. Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais je me suis déjà attaché à ce village.